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mille stades au moins, ou une montagne, et, se rapprochant ensuite sans rompre leur cercle, ils prennent tout ce qui se trouve dans l'intérieur, et même des Alcés, si quelqu'une se trouve avoir là son repaire ; il n'y a point d'autre moyen de les prendre.

Quant à l'animal dont parle Ctésias dans son livre sur les Indes, que les Indiens nomment Martiora, et les Grec, Androphage, je suis persuadé que c'est le tigre. Ils disent qu'il a trois rangs de dents à chaque mâchoire, qu'au bout de la queue sont des aiguillons dont il se sert pour se défendre contre ceux qui l'approchent, et qu'il lance aussi loin que ceux qui tirent des flèches; mais j'attribue à la frayeur qu'inspire aux Indiens cet animal, les idées fausses qu'ils se transmettent les uns aux autres.

Ils se sont aussi trompés sur la couleur, soit parce que le tigre, lorsqu'on le voit au soleil, paraît rouge et d'une seule couleur, soit parce qu'il court très vite ; ou bien parce que, lors même qu'il ne court pas, il est toujours en mouvement, et que d'ailleurs, on ne le voit jamais de près. Je pense que si quelqu'un visitait les endroits les plus reculés de la Libye, de l'Inde ou de l'Arabie, pour y chercher toutes les bêtes féroces qu'on voit chez les Grecs, il en est qu'il n'y trouverait pas du tout; il en est d'autre aussi qui ne lui paraîtraient pas de la même forme.

Les hommes ne sont pas en effet les seuls qui changent de figure suivant les différents pays et les différents climats ; il en est de même et des autres animaux.