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DE THÈBES. SECTION I.

vées, comme pour demander le silence, afin de prêter l’oreille à l’énumération qui se fait devant eux, des mains coupées aux ennemis morts sur le champ de bataille. Un homme courbé et vêtu d’une longue robe les compte lui-même en les prenant une à une. Un écrivain, placé derrière lui, les enregistre sur un rouleau de papyrus qu’il tient d’une main, tandis que de l’autre il trace des caractères avec un roseau[1]. Les mains coupées sont au nombre de trente-huit. Sur la robe de l’écrivain, on voit encadrés, dans une croix fleurie, des caractères qobtes, retraçant probablement le nom de quelques-uns de ces moines chrétiens qui ont transformé en couvens et en églises les temples et les palais de l’ancienne Égypte. On y lit aussi le monogramme du Christ.

Au-dessous de ces prisonniers, il y en avait une autre rangée, qui n’a pu être dessinée, par les raisons que nous en avons données. On a recueilli seulement la partie la plus curieuse : elle représente des parties génitales et des mains coupées probablement aux ennemis morts sur le champ de bataille. C’est la seule fois que nous ayons trouvé, sur les murs des palais, de ces sortes de mutilations. Il n’est guère vraisemblable que les anciens Égyptiens les exécutassent sur les ennemis vivans tombé en leur pouvoir. La scène qui se trouve ici représentée, porte au moins à le croire, puisque les mains coupées ne sont pas celles des prisonniers que l’on amène devant le vainqueur. Rien, parmi les sculptures que nous avons vues sur les monumens, ne porte à attribuer aux anciens Égyptiens un acte d’atrocité et de barbarie que

  1. On se sert encore actuellement, en Égypte, de roseaux pour écrire.