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DE THÈBES. INTRODUCTION.

l’hypogée. Ces couloirs sont entrecoupés, tantôt par de simples encadremens ou chambranles taillés dans le rocher et destinés à recevoir des portes, tantôt par de petites pièces carrées ou rectangulaires, et tantôt encore par de grandes salles oblongues, soutenues par des piliers élevés sur un stylobate qui règne dans tout le pourtour. C’est dans ces grandes pièces que se trouve ordinairement un sarcophage de granit, qui renfermait la dépouille mortelle des rois. La plus grande de ces excavations a cent onze mètres[1] de profondeur, et il faut se représenter que, dans une aussi grande étendue, il n’y a pas un seul coin de mur, pas une seule paroi, pas un seul plafond, qui ne soient couverts de tableaux allégoriques, de figures hiéroglyphiques et d’ornemens multipliés. Ces monumens si dignes d’admiration confirment l’opinion que Diodore de Sicile a voulu en donner, lorsqu’il rapporte que les rois qui les ont élevés, n’ont point laissé à leurs successeurs le moyen de les surpasser[2].

Pour se former une idée complète de leur destination et de leur emploi, il faut se représenter la pompe funèbre d’un bon roi[3]. Pendant soixante-douze jours, tout son peuple a été en proie à la plus vive douleur ; les temples ont été fermés, les sacrifices interrompus, les fêtes suspendues ; toute l’Égypte a retenti de chants funèbres et de ces lamentations que l’on composait à la louange des vertus du roi. L’abstinence la plus entière a succédé à

  1. Trois cent quarante-un pieds.
  2. Diod. Sic. Biblioth. hist. lib. 1, pag. 56, cd. 1746.
  3. Diod. Sic. Biblioth. hist. lib. 1, pag. 83, cd. 1746.