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DE THÈBES. INTRODUCTION.

mouvement de barques à grandes voiles triangulaires, qui transportent dans toute l’Égypte les produits de cette fertile contrée ; des fellâh plongés dans le Nil, et traînant à la nage des filets remplis de pastèques ; le ton jaune et tranquille des premiers plans, sur lesquels s’élève une noble architecture ; de larges ombres portées par des masses colossales ; des constructions arabes, qui se lient d’une manière si pittoresque avec les plus magnifiques ruines ; plus loin, une plaine couverte de palmiers et de verdure, et à l’horizon, la chaîne arabique, telle est la faible esquisse de l’un des plus beaux spectacles dont l’homme puisse jouir.

Pour arriver à l’entrée principale du palais de Louqsor, il faut pénétrer dans le village à travers des rues étroites et remplies de décombres. Ce que l’on voit donne l’idée de la plus affreuse misère et rappelle le souvenir de la plus grande opulence. En effet, à côté de chétives cahutes se montrent tout-à-la-fois deux superbes obélisques d’un seul morceau de granit de vingt-quatre à vingt-cinq mètres[1] d’élévation ; derrière ces obélisques, deux statues colossales assises, de onze mètres[2] de proportion ; puis un pylône de seize mètres[3] de hauteur. Toutes ces masses colossales sont inégales entre elles et irrégulièrement disposées ; mais on ne s’en aperçoit point d’abord ; on est trop préoccupé de cette ordonnance architecturale tout-à-fait grandiose. Il n’est aucun de ces monumens qui, s’il était isolé, ne commandât l’admiration, et ils semblent réunis ici pour produire sur le spectateur l’im-

  1. Soixante-douze à soixante-quinze pieds.
  2. Trente-quatre pieds.
  3. Cinquante pieds.