À droite du chemin, la vue se repose agréablement sur un bois touffu d’acacias[1] qui contraste avec l’aridité du désert et du sol environnant : car, après la récolte, la terre, dépouillé de ses moissons, n’offre plus rien qui rappelle sa fécondité ; elle est coupée d’une multitude de crevasses, qui sont le résultat de l’action subite et prolongée de la chaleur après la retraite des eaux. En s’enfonçant dans le bois de mimosa, on rencontre à chaque pas un nombre considérable de fragmens antiques, tels que des bras, des jambes et des troncs de statues d’une grande proportion. Tous ces colosses étaient monolithes ; et ils se trouvent en si grand nombre, qu’ils auraient suffi pour décorer avec magnificence toutes les places publiques d’une ville considérable. Les débris qui subsistent encore sont de grès brèche, d’une espèce de marbre, et de granit noir et rouge. Des troncs de colonnes, très-peu élevés au-dessus du sol, annoncent les restes d’un temple ou d’un palais[2].
À l’extrémité du bois d’acacias vers l’est, sont deux statues colossales appelées, dans le pays, Tâma et Châma. On les aperçoit à la distance de quatre lieues, comme des rochers isolés au milieu de la plaine : elles ont près de vingt mètres[3] d’élévation ; et au lever du soleil, leurs ombres immenses s’étendent au loin sur la chaîne libyque. Le spectateur est saisi d’étonnement en voyant des masses aussi prodigieuses taillées dans un seul morceau de pierre, et se demande quel peuple de géans a pu