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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

secrets au moyen desquels les prêtres entretenaient la superstition des peuples, peut-être par des oracles, où seulement par de simples sons, tels que ceux que faisait entendre la statue de Memnon[1].

Il est fâcheux que l’état de dégradation où se trouvent les deux colosses dont, nous venons de parler, ne permette pas de juger du mérite de leur sculpture, qui sans doute était digne d’admiration. C’est une remarque importante à faire, qu’on s’est en général mépris sur l’état de la sculpture chez les anciens Égyptiens ; on en a jugé par cette multitude de figures égyptiennes qui servaient d’amulettes, et que l’on fabriquait en si grand nombre et avec si peu de soin, pour satisfaire la superstition des Égyptiens et leur empressement à se les procurer. Ces figures inondent, pour ainsi dire, tous les cabinets de l’Europe. Porter d’après elles un jugement sur l’état de l’art en Égypte, c’est comme si l’on voulait juger chez mous de l’avancement de la peinture et de la sculpture par cette multitude de figures et d’images de saints qui sont entre les mains de tous les gens du peuple. Pour se faire une juste idée de la sculpture égyptienne, il faut la considérer dans les beaux morceaux que nous avons trouvés au milieu des ruines des villes anciennes, tels que la superbe tête du tombeau d’Osymandyas[2], le torse d’Abydus[3], et celui de Semenhoud, qui est maintenant déposé à la bibliothèque royale. Il faut surtout considérer la sculpture dans ses rapports avec l’archi-

  1. Voyez ci-après, §. VI, ce que nous disons de la manière dont la statue rendait des sons.
  2. Voyez la description de ce monument, section iii de ce chapitre.
  3. Voyez le ve. volume de l’Atlas des antiquités.