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ENVIRONS D’ERMENT.

n’avaient pas encore vu les Français chez eux, étaient alarmés de notre présence, et refusaient de répondre à nos questions. Nous parvînmes pourtant aux ruines d’un temple : elles sont si fort enfouies, que les huttes de terre qui composent le village en dérobent la vue ; il n’y a plus au-dessus du sol que deux petites chambres[1]. Les paremens intérieurs et extérieurs des murs sont couverts de bas-reliefs égyptiens et de caractères hiéroglyphiques. J’y ai remarqué deux crocodiles, dont l’un est représenté avec une tête d’épervier. La figure du crocodile environné d’hommages est très-fréquente dans les monumens au-dessus de Thèbes ; je ne l’ai pas vue au-dessous de Tuphium. Cette remarque confirme l’opinion historique qui place dans la Thébaïde le siège principal du culte rendu à ce lézard.

Cependant l’innocence de nos occupations, la douceur de nos procédés, et quelques libéralités, avaient ramené la confiance des habitans ; ils nous offrirent un déjeuner de lait caillé, nous conduisirent eux-mêmes à leur mosquée, et nous invitèrent à y entrer : c’est un édifice extrêmement simple, dont l’intérieur, comme celui de la plupart des mosquées que nous avons vues en Égypte, ressemble beaucoup à un cloître. Les colonnes qui en forment le pourtour sont grêles et mal arrondies ; les chapiteaux sont dans le style arabe et d’un travail grossier : quelques colonnes ont un chapiteau en place de piédestal. Cette barbarie contraste d’une manière frappante avec les restes égyptiens que nous venions d’examiner, et dont le travail est parfait. Les colonnes

  1. Voyez, pl. 97, le plan de ces ruines.