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OU HERMONTHIS.

L’existence de plus de cinquante colonnes de granit dans cet endroit est sans doute un fait digne d’attention. Faut-il croire que jamais les chrétiens qobtes aient eu assez de pouvoir pour faire tailler dans les carrières de Syène une si grande quantité de granit ? ou bien n’est-il pas probable que les architectes qui ont bâti cette église ont pris ces colonnes et ces pilastres dans quelque édifice grec, ainsi qu’ils ont pris des pierres de taille dans un temple égyptien ? Il est vrai qu’on n’a aucune connaissance de cet édifice antérieur : peut-être l’église lui a-t-elle succédé sur le même emplacement, et n’a-t-on fait qu’ajouter les constructions circulaires.

Je terminerai cette description par une réflexion qui peut-être a déjà frappé l’esprit du lecteur ; c’est qu’un édifice récent, bâti avec les débris du temple qui depuis long-temps est en ruine, est cependant bien plus ruiné que lui. Mais cette étonnante conservation des monumens égyptiens, fruit de l’habileté des constructeurs, autant que du choix et de l’emploi des masses, va se montrer d’une manière encore plus frappante dans les immenses et innombrables vestiges de la splendeur de Thèbes ; vestiges que l’œil aperçoit déjà du haut de la plate-forme du temple d’Hermonthis[1].

  1. Voyez pl. 97, fig. 8. Les rayons dirigés dans ce plan sur Louqsor et Karnak auraient, étant prolongés, une longueur d’un myriamètre ou deux lieues.