Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/603

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
414
CH. VIII, DESCRIPTION D’ERMENT

En avant du temple était une enceinte de colonnes, dont les six extérieures, plus élevées que les autres, n’ont jamais été achevées ; cependant il n’y en a plus qu’une de celles-ci qui soit debout dans toute sa hauteur. Une partie des murs d’entre-colonnement qui fermaient cette enceinte, est également brisée ou dégradée. Enfin quatre colonnes intérieures qui en faisaient partie, sont renversées entièrement, je n’en ai reconnu l’existence que par les fouilles[1].

Il ne faut pas qu’on attribue aux ravages du temps ni à une construction défectueuse l’état actuel du temple d’Hermonthis ; car ce qui subsiste debout ne porte pas la marque d’une dégradation commencée : tout est démoli, ou intact. Cette destruction est l’ouvrage de la main des hommes. En effet, les murailles sont pleines de trous que les Arabes et les fellâh ont creusés pour en retirer les tenons qui servaient à lier les pierres ; le jour qu’on voit au mur du sanctuaire, du côté du nord, a été pratiqué dans le même dessein : dans un petit espace, on a compté plus de cinquante de ces trous. Ce fait porte à conclure que les tenons étaient quelquefois de métal : assurément les Arabes ne se seraient pas donné tant de soins pour démolir des constructions solides ou percer des pierres dures, si ces tenons n’eussent été que de bois. Il faut, en quelque sorte, savoir gré aux Égyptiens d’avoir épargné le fer dans leurs monumens : dans un pays où il est si rare, et avec des hommes tels que les Arabes, tous ces monumens seraient peut-être aujourd’hui démolis.

  1. Voyez pl. 94, fig. 1, aux points a a.