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cette préfecture, avec la marque de l’an xi du règne d’Adrien[1] : d’un côté est la tête de ce prince, couronnée de lauriers ; de l’autre, une figure tenant une pique et un lion. Une légion romaine était stationnée dans ce lieu[2], qui, dans la suite, conserva encore assez d’importance pour être une ville épiscopale. L’histoire chrétienne rapporte les noms de plusieurs évêques d’Hermonthis[3].

La population d’Erment est encore, en partie, composée de chrétiens ; et l’on y fait voir le prétendu tombeau de Mary-Girgès ou S. George, qui est en grande vénération parmi eux. Je demandai à voir ce tombeau ; mais, par mégarde, je m’adressai à un musulman, qui, au lieu de me répondre, me fit en riant cette question : Qu’est-ce que Mary-Girgès ? La haine la plus envenimée règne à Erment entre les deux sectes. Les qobtes s’imaginaient, en nous voyant, que nous étions venus tout exprès pour exterminer le mahométans du village ; l’un d’eux me dit d’un grand sang-froid : Quand donc les Français tueront-ils tous ces misérables ? Nous ne trouvâmes d’accord les uns et les autres que pour nous vendre des antiques et des médailles qu’ils sont continuellement occupés à tirer des décombres. Ayant eu besoin de quelques hommes pour faire des fouilles dans le temple, je vis chrétiens et musulmans accourir pêle-mêle, et travailler de concert pour gagner quelques petites pièces de monnaie ; tant l’amour de l’argent a

  1. Mémoire de l’Académie des inscriptions, in-12, t. xlix, p. 82.
  2. Notitia utraque dignitatum ; Venetiis, 1602, p. 90.
  3. Oriens Christianus t. ii, p. 609, 610.