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ET DE SES ENVIRONS.

admiration confuse, que nous n’osions en quelque sorte avouer ; et, jetant alternativement les yeux sur le monument et sur nos compagnons de voyage, chacun de nous cherchait à s’assurer s’il était trompé par sa vue ou par son esprit, s’il avait perdu tout-à-coup le goût et les principes qu’il avait puisés dans l’étude des monumens grecs ; enfin, si son erreur était partagée, ou son jugement confirmé. Cette lutte de la beauté réelle de l’architecture que nous avions sous les yeux, contre nos préjugés en faveur des proportions et des formes grecques, nous tint quelques temps en suspens ; mais bientôt nous fûmes entraînés par un mouvement unanime d’admiration. On s’empressait de se communiquer les beautés dont on était plus particulièrement frappé, soit en considérant l’ensemble de l’édifice, soit en examinant de près la pureté et l’élégance des détails d’architecture, le fini des sculptures, et la précision des plus petits hiéroglyphes.

Une description simple, fidèle et détaillée du monument d’Esné, est, à notre avis, le plus bel éloge que l’on puisse en faire : aussi n’emploierons-nous aucun autre moyen pour faire partager aux lecteurs les sentimens que nous avons éprouvés.

Le portique d’Esné est soutenu par vingt-quatre colonnes de 5m.40 de circonférence, sur 11m.30 de hauteur, en y comprenant le chapiteau. Ces vingt-quatre colonnes, disposées sur quatre rangs, sont surmontées de dés, et réunies par des architraves qui portent les pierres du plafond. Les entre-colonnemens sont d’une fois et demie le diamètre de la colonne : celui du milieu