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CH. VII, DESCRIPTION D’ESNÉ

Rouge. La campagne d’Esné n’est plus arrosée par les inondations ordinaires du Nil : son sol, trop exhaussé, reste souvent en friche. Au sud, à quelque distance de la ville, les bords du fleuve paraissent avoir conservé moins d’élévation et offrent une assez belle culture. Au nord se trouvent quelques jardins, dans lesquels, à force de bras, et par des arrosemens dispendieux, on entretient un peu de fraîcheur. Ces témoins irrécusables de la bonté du sol, et la campagne inculte qui les environne, présentent un contraste affligeant, et prouvent combien il aurait été facile de conserver la fertilité à toute la province, si un ancien canal, dont l’embouchure est à quelque distance au-dessus de la ville, et dont on voit les traces dans la campagne, avait été entretenu : son rétablissement serait encore d’un grand avantage ; mais l’indifférence des gens du pays est extrême. Au lieu de chercher à rendre à leur province son ancienne fertilité, ils l’abandonnent, et vont cultiver ailleurs des terres plus basses et plus fréquemment arrosées par les inondations du fleuve. Ces émigrations dépeuplent la contrée, et les moyens de remédier au mal diminuent à mesure que le mal lui-même augmente ses ravages.

Au sud, l’aspect de la ville est assez pittoresque. C’est, comme nous l’avons dit, le côté qui reçoit le plus fréquemment les eaux de l’inondation, et où la terre répond le mieux aux soins des cultivateurs. La végétation y est belle et vigoureuse. La campagne est dominée par un monticule de décombres de huit à dix mètres de hauteur, sur lequel la ville d’Esné présente ses maisons de briques, à moitié démolies. Le rivage est quelquefois bordé d’un