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oiseau ne soit l’emblème de la grande année, nom que l’on donnait à la période gothique. Voici ses expressions : Cum hujus vita magni anni fieri conversionem, rata fides est inter auctores[1]. Pline dit que sa vie coïncide avec la révolution de la grande année, qui ramène les mêmes saisons : or, c’est là une propriété de la même période. Le phénix, dit Horapollon, désigne le rétablissement qui s’opère après un long temps. Enfin, en donnant quatorze cent soixante-un ans à la vie du phénix, Tacite lève toutes les difficultés[2], bien que les auteurs ne s’accordent pas sur cette durée : car il est impossible qu’une pareille coïncidence dans les nombres soit purement fortuite.

Mais il est important de montrer que cette même figure du phénix est répétée dans tous les grands monumens d’Égypte, où jusqu’ici on ne l’a pas aperçue ; elle se trouve généralement au-dessus des bases des colonnes et sur les socles des sièges, ayant toujours les pattes ouvertes et étendues, et une grande étoile en avant : cette étoile désigne sans doute Sirius, dont le lever héliaque annonçait à-la-fois le renouvellement de la période, la crue du Nil et le solstice d’été. On doit encore observer qu’il est presque toujours sur une coupe, signe de l’inondation. Les colonnes d’Edfoû doivent sans doute contenir cette image ; mais on n’aurait pu s’en assurer qu’en dessinant leurs fûts dans tous les détails : c’est dans les temples de Philæ et d’Esné qu’on peut la voir assez fréquemment. Je citerai principalement deux bas-reliefs du grand temple de Philæ, parce qu’ils sont

  1. Solin. Polyhist. c. xxxvi
  2. Tacit. Annal. l. vi