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CH. VII, DESCRIPTION

sur le culte des habitans d’Apollinopolis, parce qu’on n’a pas assez de lumières sur les anciennes cérémonies de l’Égypte, sur leur but et leur sens caché. De ce que les habitans de la contrée, ainsi que ceux de Tentyra, faisaient la guerre aux crocodiles, et que, si l’on veut en croire Élien, ils les suspendaient à des arbres, puis les coupaient par morceaux et les mangeaient[1], faut-il en conclure que c’était par une horreur religieuse, et par suite d’une opposition fanatique entre eux et les habitans d’Ombos, où cet animal était protégé ? Cette prétendue aversion pour le crocodile ne peut être admise par un esprit sensé ; ou bien, si l’on y croit, il faut la rapporter à des temps récens, tels que ceux où écrivaient Strabon, Élien et Juvénal. Au reste, l’affluence des crocodiles dans la Thébaïde a pu jadis faire chercher des moyens de les poursuivre ; peut-être y avait-il des hommes exercés à ce genre de chasse et chargés de les détruire. Hérodote et Pline rapportent les différentes manières dont on s’y prenait en Égypte[2], et aujourd’hui les habitans ont encore des procédés analogues à ceux qu’ont décrits les anciens.

Le nom d’Apollinopolis, que les Grecs ont donné à l’ancienne ville d’Edfoû, porterait à croire que ce temple était principalement consacré à Horus[3], dont les Grecs ont fait leur Apollon, comme le témoignent Hérodote,

  1. Æl. de nat. anim. l. x, c. 21. Plutarque, dans son Traite d’Isis et Osiris, rapporte que chaque citoyen de la ville d’Apollon était contraint de manger de la chair de crocodile un certain jour de l’année. Il ajoute que l’on tuait le plus possible de ces animaux, et qu’on les jetait devant le temple.
  2. Herod. l. ii, c. 70 ; Plin. l. viii, c. 25.
  3. J’ai trouvé dans Eusèbe cette conjecture confirmée : il dit positivement qu’Horus est la divinité d’Apollinopolis (Præp. evang. l. iii, c. xi, p. 117 ; Paris, 1628).