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CH. V, DESCRIPTION

Ce chapiteau lotoïde, quels que soient les ornemens accessoires qui le recouvrent, est d’une forme invariable, c’est-à-dire en cloche renversée : c’est le plus général de tous ; il est propre à l’Égypte, et mérite le nom de chapiteau national, ainsi que celui dont le dattier est le type. C’est du lotus que la religion astronomique des Égyptiens a tiré tant d’emblèmes ; l’architecture des modèles, la décoration les plus heureux motifs ; et les monumens d’Edfoû, comme tous les autres, sont couverts des feuilles, de la tige, des boutons, des fleurs, des calices et des fruits de cette plante sacrée.

Je dois rappeler ici une décoration simple et d’un grand style, qui se voit au dos du temple et au-dedans de l’enceinte[1] : ce sont deux corps de lions qui semblent sortir de la muraille ; ils sont assis sur leurs pattes, entre lesquelles est une gouttière. La taille en est colossale, et


    rait s’appliquer aux graines ou fèves contenues dans les loges de la capsule.

    Colocasion (κολοκάσιον) est le nom de la racine : on sait que ce nom appartient aujourd’hui à une plante bien différente, l’arum colocasia de Linné.

    Enfin, lotus (λωτὸς) est proprement, selon moi, le nom de la fleur : de là vient le nom des couronnes de lotus.

    Il n’est pas étonnant que la plupart des auteurs modernes aient confondu ces différentes dénominations, et supposé plusieurs genres de plantes là où il ne s’agit que d’une seule, puisque les anciens eux-mêmes, qui avaient donné divers noms aux diverses parties du nymphæa, le désignaient indifféremment par l’un d’eux.

    Quant au lotus rose des auteurs, on l’a comparé d’une manière absolue au nélumbo de l’Inde, et l’on a pensé que celui-ci avait disparu de l’Égypte : cette opinion est appuyée sur des preuves et des vraisemblances ; mais il reste encore à expliquer comment Hérodote et tous les auteurs, à l’exception d’Athénée (liv. XV), ont oublié le nymphæa azuré, si ancien dans l’Égypte, et si fréquent sur les monumens, où il est peint avec ses couleurs. La célèbre mosaïque de Palestrine renferme distinctement le nélumbo, comme l’a remarqué M. Delile.

    Voyez suprà, page 304, note 4.

  1. Voyez pl. 50, fig. I, et pl. 54.