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DES ANTIQUITÉS D’EDFOÛ.

§. IV. De la décoration du grand temple.

Après avoir traité de la construction et de la disposition du grand temple d’Edfoû, et avoir montré la conformité de celle-ci avec les descriptions des anciens, je parlerai de sa décoration. Si le lecteur a lu avec attention les chapitres précédens, il a déjà des idées générales sur le système de la décoration égyptienne ; système si invariable dans chaque espèce de monument et si diversifié dans ses détails, mais toujours soumis à la disposition, en quoi les Égyptiens ont fait preuve de savoir et de goût. Qu’est-ce, en effet, qu’une architecture subordonnée à la décoration, comme on en voit tant d’exemples chez les peuples modernes ? Ici les formes et les lignes générales ne sont masquées par rien, bien que les surfaces entières soient sculptées en mille façons ; les monumens du monde les plus chargés d’ornemens sont ceux où la décoration s’aperçoit le moins, et où l’architecture paraît lisse, quoique nulle de ses parties ne soit nue[1].

Que l’on examine la façade du portique d’Edfoû (pl. 55) : depuis le seuil de la porte jusqu’au couronnement, colonnes, chapiteaux, dés, murailles, pieds-droits, cordons, corniches, tout est couvert de sculptures[2], et cependant les lignes de ces colonnes et de ces

  1. Il faut en excepter les listels des corniches, les dessus des chapiteaux, les bases des colonnes, toutes parties étroites où la sculpture eût produit un mauvais effet.
  2. Les deux colonnes de devant étaient aussi décorées ; mais on n’a pu en copier les ornemens