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CH. V, DESCRIPTION

Ce qui peut donner une idée du soin qu’on a mis dans la disposition et l’exécution de ces rainures, c’est que la face verticale du fond, étant prolongée, passe précisément près du listel de la corniche supérieure : ainsi les mâts que l’on y plaçait venaient s’appliquer contre cette corniche[1]. Il est facile de se figurer le bel effet de ces quatre pavillons qui enrichissaient les longues lignes de l’architecturent et dont la hauteur, à Edfoû, devait excéder cent cinquante pieds : je me bornerai à faire observer que deux fenêtres sont à-plomb de chacune des rainures ; ce sont les fenêtres mêmes des grandes chambres intérieures. Elles fournissaient le moyen de dresser et de maintenir contre la muraille ces tiges colossales ; ce qui se faisait avec deux tourillons mobiles sur un axe, et se joignant en avant par des clavettes[2].

La correspondance des rainures et des fenêtres était une chose importante à faire remarquer, surtout en ce qu’elle résout une question intéressante et difficile qui se présente au sujet de ces dernières. Celles-ci paraissent taillées à travers les sculptures, et, au premier coup d’œil, on les jugerait de beaucoup postérieures au reste de l’édifice : mais cette opinion ne serait pas fondée. En effet, tout les petits jours qui éclairent les escaliers, les portes même qui entrent dans les massifs, seraient tous dans le même cas : or, il répugne à la raison de croire

  1. Pour s’assurer de ce fait, il faut prendre, dans la pl. 51, la hauteur du sommet de ces rainures, la porter perpendiculairement sur une des arêtes obliques dans la pl. 54, puis élever une verticale par le point de rencontre. On trouve que cette verticale passe à trois décimètres du listel, intervalle nécessaire pour la manœuvre des mâts.
  2. Une planche de bas-reliefs du vieux temple de Karnak fera connaître ces détails. Voy. A., vol iii, pl. 57.