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teur[1] ont tellement conservé leur assiette, qu’une pierre ne passe pas l’autre, que pas une assise n’est dérangée. Quand on est au sommet et qu’on place l’oeil dans le prolongement des faces, on n’aperçoit qu’un plan parfaitement dressé : je dis un plan, bien qu’elles soient couvertes de sculptures, parce que ces sculptures sont taillées en relief dans le creux[2]. Enfin, ces longues arêtes, garnies d’un gros tore ou cordon, sont encore à l’état de lignes parfaitement droites. Ce seul fait donnera une idée du soin et de l’adresse des constructeurs de l’ancienne Égypte.

Si l’appareil n’eût pas été aussi pur, et la coupe des pierres très-perfectionnée chez les Égyptiens, comment, après tant de siècles, trouverions-nous encore ces longues lignes, ces vastes surfaces, dans l’état où elles sont sorties du ciseau des sculpteurs, quand nous voyons nos édifices d’Europe s’ébranler au bout de quelques siècles, et quand les bâtimens des Grecs et des Romains, bien plus solides que les nôtres, offrent si peu d’assises, si peu de pierres intactes ? C’est à tort qu'on attribuerait au climat seul une si grande différence : les Grecs et les Romains ont bâti en Égypte, et leurs ouvrages ne sont plus.

On a traité ailleurs avec quelque détail de la construction chez les Égyptiens[3] ; je dois me borner ici à ce qui est propre au monument d’Edfoû.

Les deux masses pyramidales qui le précèdent sont

  1. Cent dix pieds.
  2. On a expliqué cette espèce de sculpture égyptienne dans le chapitre i, §. iv.
  3. Voyez le chapitre i, § viii.