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d’un grain fin et assez dur, susceptible de recevoir une sorte de poli et un travail ferme et moelleux : aussi la sculpture de cet édifice, principalement celle du portique, que nous a-t-elle paru encore plus fine et plus délicate qu’ailleurs.

L’encombrement, qui est, pour ainsi dire, total dans l’intérieur du temple, est peu considérable dans la cour qui le précède ; le sol des colonnades et le tour du temple sont également peu enfouis ; on voit même encore l’ancien sol derrière l’enceinte, et le socle peu élevé sur lequel reposait la muraille : ainsi, à l’intérieur, l’œil aperçoit encore presque entièrement la hauteur de la grande porte d’entrée, aussi bien que tout l’ensemble de ces deux masses pyramidales et de ce péristyle de trente-deux colonnes qui forment la plus magnifique perpective. Pour jouir de ce spectacle, tel qu’on l’a figuré dans l’atlas[1], il suffirait de faire disparaître quelques masures en briques, bâties dans les entre-colonnemens, et où les habitans s’entassent avec leurs troupeaux. L’état actuel des choses donne même, en quelque sorte, un plus grand effet à ce tableau, par l’inconcevable opposition de ces étables poudreuses avec des colonnes richement sculptées, de ces briques noires et mesquines avec les énormes pierres qui composent les entablemens, et aussi par le contraste des sensations qui agitent l’ame du voyageur, avec l’indifférence apathique où sont plongés ces fellâh, successeurs des anciens prêtres qu’on se représente logés dans le temple, se promenant sous ces hautes galeries et livrés à leurs savantes spéculations.

  1. Voyez pl. 61.