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DES ANTIQUITÉS D'EDFOU.

Il n’y a donc aucun doute que l’ancienne Apollinopolis magna n’ait existé au lieu même où est aujourd’hui le village d’Edfoû ; ce fait avait été jusqu’ici supposé plutôt que prouvé par les géographes. Au temps d’Adrien, cette ville avait encore assez d’importance pour qu’on y eût frappé une médaille en l’honneur de cet empereur, sous le nom des habitans du nome d’Apollinopolis : elle est de l’an onzième d’Adrien, et représente, d’un côté, la tête du prince, ceinte de lauriers ; de l’autre, la figure d’Apollon un arc à la main[1]. Mais, vers la fin du quatrième siècle, à l’époque où Ammien Marcellin composa son histoire, cette cité était déchue de son rang, et les trois principales villes de la Thébaïde étaient Coptos, Hermopolis et Antinoé[2].

Hérodote n’a pas connu la ville d’Apollinopolis, ou a négligé d’en faire mention. On s’étonnerait qu’il eût passé sous silence un temple aussi ancien et aussi important que celui d’Edfoû, si l’on ne savait qu’il a également omis de parler des temples magnifiques de Philæ, de Tentyra, de Latopolis et d’Ombos : de toute la Thébaïde, Hérodote ne parait avoir connu que Thèbes, bien qu’il dise être allé jusqu’à Éléphantine ; et sa description de l’Égypte n’est véritablement complète que pour le Delta et le pays inférieur. Diodore de Sicile ne fait non plus aucune mention du temple qu’on voit à Edfoû. Il a fallu que les armes romaines assujettissent tous les bords du Nil, pour que l’Égypte fût connue ou du moins visitée d’un bout à l’autre ; tant ce peuple

  1. Voyez l’Histoire des Ptolémées, par Vaillant.
  2. Ammien Marcellin, lib. XXII, pag. 340 ; Paris, 1681.