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CH. IV, DESCRIPTION D'OMBOS

sur le sol ; entre ces montagnes, un fleuve large et rapide, qui, dans tout le reste de son cours, fait naître l’abondance, mais qui ne peut rien sur ces lieux frappés d’une éternelle stérilité. Tel est le site des principales carrières.

Les endroits où la vallée s’élargit renferment quelques terrains plus favorisés de la nature ; quelques plaines, comme aux environs d’Edfoû, où la culture s’étend au loin ; mais plus souvent on n’aperçoit rien autre chose qu’un étroit ruban de verdure qui borde un des rivages, et un petit nombre de huttes en terre, au-dessus desquelles s’élèvent les tiges grêles de quelques dattiers.

Ce mélange de culture et d’aridité, qui produit quelquefois des sites assez pittoresques, a ici quelque chose de morne et de plus triste que le désert proprement dit ; cependant la nouveauté du spectacle, son contraste avec le reste de l’Égypte, et les traces multipliées des anciens travaux des hommes dans ces lieux abandonnés, occupent l’esprit et jettent le voyageur dans des méditations qui ne sont pas sans attraits.

Sans doute, si l’on se trouvait transporté dans ces lieux reculés, n’ayant aucune connaissance des monumens de l’Égypte, aucune idée du génie du peuple qui l’habita, l’aspect de ces excavations, dénué alors de son principal intérêt ne produirait qu’un sentiment vague d’étonnement, une froide admiration peut-être pour leur nombre, pour l’étendue de quelques-unes ; mais, lorsqu’on a visité pas à pas toute la Thébaïde, et reconnu par ses propres observations le nombre et l’étendue de ses monumens, les sculptures infinies dont ils sont couvert ; lorsque l’on