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situation ne peut avoir lieu dans le détroit, où la montagne se trouve bordée immédiatement par le fleuve ; elle convient très-bien au contraire aux ruines que nous avons décrites. Cette observation éclaircit à-la-fois deux points de géographie ancienne, puisque, Phtontis étant rapportée à cette position, il ne reste plus que le poste romain que l’on puisse placer dans le détroit.

§. II. Observations sur les matériaux tirés des environs
de Selseleh, pour la construction des anciens édifices.

Par leur situation sur les rives du Nil, l’examen des anciennes carrières devenait assez facile elles ont été, malgré cela, comme tous les travaux des Égyptiens, le sujet de beaucoup d’erreurs. On avait peine à se persuader que des monumens aussi célèbres par leur longue durée, par la richesse et la multiplicité de leurs ornemens, fussent construits avec des matériaux communs et grossiers ; et la plupart des voyageurs, consultant moins leurs yeux que leur imagination, ont cru voir, dans les couches du terrain et dans les monumens eux-mêmes, tantôt les granits durs et précieux des environs de Syène[1], tantôt les porphyres et les roches variées de l’Arabie, quelquefois même le basalte : d’autres se sont contentés d’y employer le marbre, à l’imitation de ce qu’ils avaient remarqué dans les anciens monumens

  1. Nous avons déjà dit que les granits ne se montraient plus sur les rives du Nil à une heure de marche au nord de Syène ; et les Égyptiens, qui en ont travaillé une quantité si prodigieuse, en ont cependant fait peu d’usage pour les constructions de la Thébaïde.