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CH. vi, DESCRIPTION D’OMBOS

collines de grès éparses çà et là et fort basses. On aperçut au loin quelques chameaux appartenant à des tribus arabes, et seuls êtres vivans dans ce lieu désert. Sur le bord du Nil, nous vîmes des coloquintes, une petite plantation de séné commun, ainsi qu’un champ de pourpier, qui, avec les fruits du doum, fournissait la nourriture habituelle du pieux solitaire.

Pendant que nous observions ce site, le tonnerre continuait à gronder, et les trombes se succédaient sans interruption ; ce n’est qu’à la nuit que le temps devint plus calme : on en profita. Mais à peine eut-on mis à la voile, qu’un vent furieux, soufflant du nord, souleva les eaux du Nil, brisa notre vergue et cassa le mât d'un autre bâtiment. Sa force était si grande, qu’elle nous fit remonter le courant très-vite, pendant plus d'une heure, sans aucune espèce de voilà : cependant le fleuve était parvenu à sa plus grande hauteur. L’obscurité de la nuit, le fond pierreux et les îles basses du Nil[1] dans ces parages voisins de Selseleh, nous forcèrent d’aborder au petit village de Hammâm, situé près de la rive gauche, et habité par des Arabes de la tribu des A’bâbdeh.

  1. Le cours du fleuve, dans les environs de Selseleh, est rempli d’îles sablonneuses submergées par l’inondation, et entièrement couvertes d’un arbrisseau appelé tamarix, dont les buissons touffus donnent à ces îlots une teinte cendrée.