Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/413

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
CH. IV, DESCRIPION D’OMBOS

d’un mètre et demi[1] ; cinq pierres à elles seules occupent toute la longueur de ce portique : on en voit encore de plus grandes dans le monument. Toutefois plusieurs de ces pierres se sont écroulées sur le sol.

Nous avons trouvé entre les joints un ciment rougeâtre fort altéré, et aussi, parmi les pierres renversées, des tenons en bois de sycomore, taillés en queue d’aronde, que l’on croit avoir servi à maintenir l’appareil ; ils paraissent enduits de bitume. Sur les terrasses et à l’extérieur, on voit beaucoup de vides laissés par les tenons que les fellâh ou les Arabes ont enlevés partout : il y en avait à chaque pierre[2].

Bien que l’exécution du temple offre le même soin que les architectes d’Égypte ont mis partout dans leurs ouvrages, on serait porté à croire, au premier coup d’œil, qu’il renferme quelque vice de construction qui l’a fait se dégrader plus promptement que les autres, soit qu’il faille l’attribuer à la trop grande masse des architraves, soit que les fondations manquent de solidité ; mais cet édifice a plus souffert encore des ravages des hommes que des injures du temps ; l’incendie dont nous avons parlé a dû principalement contribuer à sa ruine. Il faut compter aussi pour beaucoup les efforts qu’ont faits les Arabes pour arracher les coins placés entre les pierres.

L’état où cet édifice est actuellement nous empêche d’avoir une idée complète des ornemens dont il était revêtu ; cependant nous connaissons le motif principal de cette décoration : ce motif résulte de la double dis-

  1. Un peu plus de quatre pieds et demi.
  2. Voyez la Description de l’île de Philæ, chap. I, §. VIII.