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DE L’ÎLE D’ÉLÉPHANTINE.

comme je l’ai dit, Jupiter Ammon, qu’on adorait à Thèbes : par-là on explique pourquoi le dieu Cneph ou Cnuphis était également honoré par les habitans d’Éléphantine et par les Thébains ; c’est que ce nom de Cneph, qui, selon les étymologistes, signifie bon génie, et qui désignait, chez les Égyptiens, l’esprit éternel et infini qui remplit et anime l’univers, était un surnom d’Osiris à tête de belier, ou autrement d’Ammon.

Il en est de même du bon serpent consacré en même temps à Thèbes et à Éléphantine. La figure du serpent était le symbole de Cneph, suivant Eusèbe, et une image sensible du bon génie[1].

Dans un autre passage, le même écrivain rapporte que les Égyptiens représentaient le principe universel ou Cneph sous une figure humaine, revêtue d’une couleur bleue, etc. Si l’on rapproche ces paroles de celles que j’ai citées plus haut, on en peut conclure encore que la figure bleue à tête de belier était une image de Cneph.

Ainsi les surnoms de Cneph ou Cnuphis, de serpent et de bon génie, convenaient également bien, soit à Thèbes, soit à Éléphantine, à la divinité que l’on y adorait sous la figure d’un homme à tête de belier. Cette observation concilie donc les passages de Strabon, d’Hérodote et d’Eusèbe. Maintenant recherchons si cette figure, à Éléphantine, avait un rapport avec le belier céleste. La fin du passage d’Eusèbe n’en laisse pas douter ; voici comme il s’exprime : « La tête de belier et les cornes de bouc indiquent la conjonction du soleil et de la lune, sous le signe du belier ; et la couleur bleue, l’influence

  1. Euseb. Prœpar. evang. lib. I, cap. 10.