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DE L’ÎLE D’ÉLÉPHANTINE.

la pression sans s’ébranler. Déjà l’on a décrit à Philæ un quai bâti de la même manière[1], et l’on a fait remarquer que l’Égypte est le seul pays où l’on ait employé des constructions de cette espèce. L’expérience d’un aussi grand nombre de siècles est sans doute la meilleure preuve de la bonté du principe, et nous pouvons de là prendre une assez haute idée du savoir des constructeurs égyptiens.

Quant à la construction en elle-même, c’est-à-dire le choix et l’emploi des matériaux, il paraît qu’on y avait apporté beaucoup de soin, puisque les murs ont résisté à une masse d’eau aussi considérable, à des tourbillons aussi rapides, enfin à l’alternative de sécheresse et d’humidité plus sensible que partout ailleurs dans ce climat, surtout en un point où les eaux s’élevaient à vingt-huit coudées, selon Aristide[2], c’est-à-dire à environ treize mètres[3].

Dans cette portion du quai, il y a derrière le mur un escalier adossé, descendant au Nil et composé d’environ cinquante marches ; à son extrémité inférieure, est ouverte une porte qu’on ne voit plus aujourd’hui que dans les basses eaux. Au sommet, l’escalier continue en faisant un coude à angle droit, et se portant vers le point le plus haut de l’ancienne ville, dans la direction même du temple et de la porte de granit. Cette partie comprend environ quarante marches divisées par un grand palier, et finit par une petite salle où l’on voit des sculptures

  1. Voyez le chap. I, §. III.
  2. Arist. in Ægyptio, pag. 361 ; Oxon., 1722.
  3. Quarante pieds. Je n’examine pas ici le fait en lui-même (voyez mon Mémoire sur le système métrique des anciens Égyptiens).