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ET DES CATARACTES.

venu dans ces lieux impraticables, et l’on sait que les anciens ont beaucoup mieux connu que nous l’intérieur de l’Afrique. Je passe sous silence la description des peuples qui habitent ce pays, et je ferai seulement remarquer dans ce passage, que Philostrate paraîtrait favorable à ceux qui ont regardé la rivière Bleue comme le Nil des anciens. On pourrait en dire autant du passage de Pomponius Mela que j’ai rapporté plus haut, et aussi d’un autre passage d’Æthicus : ce dernier, dans sa Cosmographie, dit que le Nil, à sa source, forme un grand lac de 154 milles de tour, et qu’en sortant de ce lac il arrive aux anciennes cataractes (ad cataractas veteriores), après avoir parcouru 454 milles[1], c’est-à-dire 300 milles depuis le lac. Or le lac de Dembea est en effet de cette grandeur, et le cours du fleuve a aussi 300 milles depuis le lac jusqu’aux cataractes situées sous le onzième degré ; mais cela ne prouverait pas que la branche principale du Nil fût celle-là, comme l’ont imaginé les jésuites portugais, et Bruce après eux. Je n’ajouterai plus qu’une remarque, c’est qu’il paraît que Bruce, qui ne pouvait parcourir pied à pied une aussi grande étendue de pays que celle qu’il a décrite, avait du moins recueilli des renseignemens assez exacts, et qu’il ne s’en est pas tenu à copier uniquement les relations des jésuites portugais, comme on l’en a accusé un peu injustement.

La description qu’il fait de la cataracte d’Alata donne l’idée d’un spectacle si magnifique et d’un effet si grand, qu’il ne saurait, dit-il, s’effacer de la mémoire. Le bruit de la chute est tel, qu’il plonge dans un état de stupeur et de vertige, et que le spectateur n’a

  1. Æthic. Cosmogr., pag. 491 ; Lugd. Batav., 1646