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ET DES CATARACTES.

eaux, tous les écueils sont recouverts, et il s’y trouve un canal qui est navigable. Dans cette saison, les barques peuvent y passer, même à la voile ; pendant le bas Nil, les barques remontent le courant à la cordelle et en serrant la côte. J’ai vu plusieurs barques remonter à la voile sans presque aucun danger ; mais celles qui descendent sont entraînées avec une vitesse extrême, qui ferait trembler de moins habiles pilotes.

Un Nubien que j’interrogeai, m’apprit qu’en hiver, à l’époque des basses eaux, la hauteur de la chute est celle d’un homme qui a le bras levé ; ce qui fait six à sept pieds. Ce rapport m’a été confirmé par ceux de nos collègues qui ont vu la cataracte pendant le bas Nil : à cette époque, tous les îlots submergés par l’inondation sont à découvert ; le nombre des chutes est plus considérable ; et le Nil, ayant à franchir des écueils plus élevés, retombe aussi de plus haut.

Au-dessous de la cataracte, si l’on veut continuer de suivre le bord du Nil, on est obligé d’y renoncer ; les rochers, toujours à pic, rendent cette route impraticable : pour se rendre à Syène, il faut reprendre la route de l’île de Philæ, qui est déjà décrite ; et l’on y arrive en suivant une vallée qui aboutit au Nil, au-dessus du hameau d’el-Mahâlah ou Marâdah.

Beaucoup de rochers, autour des cataractes, sont couverts d’hiéroglyphes, comme ceux que j’ai décrits à Syène et à Éléphantine ; mais je n’y ai pas vu de carrières. J’ignore s’il y a eu dans ce local une ancienne position : sans doute la nudité de ces montagnes n’a dû jamais varier ; le sol n’a rien pu perdre, comme il est