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ET DES CATARACTES

chutes dans la première partie de son cours. On en connaît huit principales ; la dernière est à un peu plus d’un demi-myriamètre ou d’une lieue de Syène, c’est-à-dire, à cent dix myriamètres ou deux cent vingt lieues de son embouchure principale, et à plus de trois cents myriamètres ou six cents lieues du point présumé où est sa source. Les cataractes du Nil sont donc distribuées sur une étendue de pays qui fait les trois quarts de son cours entier, et c’est le seul fleuve connu dont on puisse le dire.

Soit qu’on ait confondu ces diverses cataractes en attribuant à toutes indistinctement ce qui ne convenait qu’à la plus grande, soit qu’il ait existé une époque où le Nil, à Syène, se précipitait de très-haut, toute l’antiquité s’accorde à parler de la dernière cataracte comme d’une chute prodigieuse, dont le bruit effroyable frappait de surdité les habitans du voisinage. Mais, quand on admettrait cette ancienne époque, il faudrait au moins convenir que la tradition de cet état primitif a survécu d’un grand nombre de siècles à la diminution presque totale de la chute ; car on ne persuadera à personne qu’un précipice tel que celui de Schaffhouse, par exemple, ait pu disparaître entièrement depuis les Romains jusqu’à nous. On ne peut calculer le nombre de siècles qu’eût exigé un si grand changement, qui d’ailleurs n’eût pu se faire que par degrés insensibles ; et l’on ne saurait remonter au principe de cette tradition, comme nous avons remonté à l’origine de celle qui mettait Syène sous le tropique. Il n’est donc pas permis de douter que, même du temps des Romains, les récits