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CH. II, DESCRIPTION DE SYÈNE

de l’hégyre, expulsé deux fois les Gellâb de la ville ancienne. Cette ville, occupée de nouveau par les Arabes, fut reconquise au temps de Saladin ; enfin, au seizième siècle, elle passa sous le joug des Ottomans avec le reste de l’Égypte, et ils s’emparèrent même de Derry et d’Ibrim, où les Turks entretiennent encore des janissaires.

De pareilles mosquées se trouvent sur des hauteurs, placées entre le Nil et la route de Philæ : par la forme ronde de leurs minarets, elles ont l’air de tourelles. C’est de ce même côté, à partir des bords du fleuve, qu’on commence à voir les carrières de granit où les Égyptiens ont puisé leurs colosses, leurs obélisques et leurs monolithes, immenses vestiges des plus immenses travaux que la main des hommes ait exécutés. On n’aborde pas seulement avec une vive curiosité dans ces vastes laboratoires ; mais on éprouve en quelque sorte un sentiment de respect à la vue des masses énormes enlevées de la montagne, ou non encore entièrement détachées, des traces encore fraîches de l’exploitation, et des marques de ces instrumens que nos arts ne connaissent plus. Ce spectacle nous transporte en quelque façon dans les temps antiques, et au milieu même des architectes et des ouvriers égyptiens : nous les voyons, pour ainsi dire, choisir leurs blocs dans la montagne, les faire éclater au moyen des coins et des ciseaux, les ébaucher sur place, enfin les conduire au Nil et les embarquer sur des radeaux, pour aller servir à l’embellissement des cités de l’Égypte.

Ces carrières occupent un développement de plus de