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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

sortant du granit, cet amas de rochers et de ruines dont les couleurs se confondent, enfin cet horizon borné à chaque pas, forment un coup-d’œil que ce pays n’offre nulle part, puisqu’il ne s’y trouve presque jamais d’habitations sur les hauteurs, que les arbres y occupent toujours un sol uni et de niveau, et que l’horizon y est partout découvert. En général, tout ce quartier de l’Égypte a un aspect singulièrement pittoresque, et d’autant plus remarqué par les voyageurs, qu’il diffère plus de l’aspect ordinaire. Les montagnes rembrunies que l’on foule aux pieds ou qui frappent la vue sur tous les points, et les masses de granit qui s’élèvent à la surface du fleuve, ajoutent beaucoup à l’effet du tableau. Si l’on vient à détacher un éclat de ces roches si colorées, on voit avec surprise le ton rose et brillant que la cassure a mis à découvert ; on se demande si c’est à l’action de l’air, ou bien à celle du soleil, que la surface doit sa couleur brune et foncée. Mais que pourrait produire sur une matière aussi dure un air toujours sec ? et quant à la chaleur, on ne saurait lui attribuer cet effet qu’à l’aide d’un temps prodigieux ; car les hiéroglyphes tracés sur ces pierres depuis un si long temps sont encore d’un rose assez vif.

Les Égyptiens ont couvert de sculptures et d’hiéroglyphes les surfaces lisses des rochers dans tous les environs de Syène, principalement les blocs qui sont à pic et baignés par les eaux ; ces sculptures sont différemment grandes, et creusées plus ou moins profondément. Il y en a qui représentent des figures de dieux au fond d’une espèce de niche ; d’autres, des sacrifices