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CH. I, DESCRIPTION

colonne, des hiéroglyphes sculptés et même encore coloriés. La première idée qui se présenta en effet, fut que ces pierres provenaient de quelques édifices plus anciens ; mais comme il résultait immédiatement de cette opinion une conséquence très-importante à l’égard des questions d’antiquité, nous ne voulûmes pas l’adopter sans examen. Ne pouvait-on pas croire que les Égyptiens, si prodigues d’emblèmes religieux, en avaient tracé sur les faces cachées des pierres, eux qui en sculptaient jusque dans l’intérieur des sarcophages, destinés à ne jamais être ouverts ? Mais, en examinant avec tout le soin possible l’intérieur de cette colonne et les pierres qui en étaient tombées, nous ne vîmes que des hiéroglyphes tronqués ou renversés, des figures coupées par le milieu, aucune suite, aucun rapport de grandeur entre les différens fragmens. Il y avait des pierres qui portaient ces hiéroglyphes sur leur face horizontale, d’autres sur leur face verticale, où ils étaient souvent couchés ou renversés entièrement ; quelques pierres aussi ne portaient point de sculptures. Il fallut bien demeurer convaincu que cette colonne avait été construite de débris qui, antérieurement, avaient appartenu à d’autres édifices et, depuis, cette idée s’est trouvée entièrement confirmée en répétant les mêmes remarques dans d’autres lieux.

Sans prétendre assigner l’âge de ces monumens antérieurs, nous ferons deux observations. La première, c’est que les Égyptiens, si religieux, si respectueux pour tout ce qui était ancien, ne devaient pas se déterminer légèrement à détruire un temple : il fallait sans doute