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CH. I, DESCRIPTION

quer qu’il a été construit par des mains égyptiennes. Non-seulement il est bâti de grès, comme tous les autres monumens de Philæ, mais on observe entre eux et lui la plus grande conformité dans le système de construction : on y retrouve les joints obliques, les gros bossages de pierres, enfin toutes les ressemblances qui peuvent faire raisonnablement conjecturer que ce monument romain a été exécuté par des ouvriers du pays. Il sera question ailleurs d’édifices qui sont au contraire composés dans le système égyptien, et dont l’exécution est certainement grecque ou romaine.

§. X. Observations sur l’antiquité des principaux édifices
de l’île de Philæ.

On aurait tort d’exiger des voyageurs qu’ils se bornassent uniquement au récit de ce qu’ils ont vu : en effet, il y a des conjectures solides qu’eux seuls peuvent faire, des comparaisons, des inductions qui n’appartiennent qu’à eux, parce qu’elles résultent de l’observation immédiate et de la vue des objets ; ce que le récit le mieux fait et le plus fidèle ne peut jamais remplacer entièrement. Tout ce que l’on doit exiger d’eux, c’est que les faits soient tellement détachés des conjectures, qu’ils ne puissent jamais être confondus avec elles. C’est à quoi nous nous sommes attachés dans les paragraphes précédens où, tout en donnant la série de nos observations, nous avons été quelquefois conduits à chercher leur mutuelle dépendance : c’était un moyen de rendre les faits plus sensibles, de leur donner plus