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CH. I, DESCRIPTION

vail du ciseau, tant d’immobilité dans les poses, tant d’ignorance de la perspective ? car les figures de cet édifice ne sont point différentes de celles des autres temples, et les unes et les autres semblent avoir été tracées d’après les mêmes modèles. Pour expliquer cette contradiction, la même idée se présente à tous les esprits. Les législateurs égyptiens, qui redoutaient toute espèce d’innovations, et particulièrement celles qui pouvaient avoir des rapports avec la religion, arrêtèrent eux-mêmes les progrès de l’art, en consacrant, dès les premiers pas, des formes et des attitudes dont il ne fut plus possible de s’écarter dans la suite. Comme les figures des dieux et des hommes étaient ce qu’il y avait de plus remarquable et de plus important, les formes adoptées dans l’enfance de l’art en furent aussi maintenues plus invariablement : de là ces figures humaines dont les épaules sont de face, la tête et le reste du corps de trois quarts et de profil ; de là aussi le petit nombre d’attitudes différentes admises dans les représentations sacrées. Cependant il devait nécessairement résulter quelque perfection de la pratique de tant de siècles ; mais elle ne consistait que dans la manière d’exécuter les formes prescrites.

Cette explication me paraît le seul moyen de concevoir l’état de la sculpture des bas-reliefs chez un peuple qui avait fait de grands progrès dans la statuaire. Ce qui vient encore à l’appui, c’est que l’on avait aussi bien mieux imité les objets accessoires, et tout ce qui avait un rapport moins direct avec la religion. Les figures d’animaux sont, en général, d’un dessin très-vrai. Les