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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

sonnes ont cru que peut-être ces pièces de bois servaient à rapprocher les pierres, par le gonflement qu’on leur faisait éprouver en les humectant : mais de pareils tenons ne sont-ils pas suffisans par eux-mêmes pour arrêter l’écartement des pierres, quelque grosses qu’elles soient ? L’état où on les trouve encore, prouve mieux que tout ce que l’on pourrait dire, qu’ils pouvaient durer fort long-temps. Ils sont en bois de sycomore, bois extrêmement compacte. Leur longueur ordinaire est de 0m,24[1] ; leur plus grande largeur, de 0m,067[2] et leur épaisseur, de 0m,04[3]. Nous en avons rapporté plusieurs ; et quoique charbonnés à leur surface, ils sont encore bien conservés. Cette longue durée d’une matière végétale que nous voyons se détruire si rapidement dans nos climats, ne surprendra pas ceux qui connaissent les causes qui agissent dans cette destruction, puisque ces morceaux de bois, presque exactement enfermés dans des pierres toujours sèches, ne sont exposés ni à l’humidité ni au contact de l’air. Cependant, l’influence des siècles étant plus sensible sur le bois que sur le grès dont les monumens sont construits, on pourrait juger de l’âge respectif de ces monumens par l’état de conservation des tenons de bois employés à en lier les pierres[4].

  1. Neuf pouces. On en a rapporté un qui a onze pouces trois lignes.
  2. Deux pouces et demi.
  3. Un pouce et demi.
  4. Nous ne prétendons pas toutefois qu’il y ait jamais eu que du bois employé à former les tenons qui lient les pierres. Ce qui doit faire conjecturer qu’il y en a eu de métal, ce sont les efforts qui manifestement ont été faits pour les arracher du sein des murailles. Est-il probable que l’on se fût donné d’aussi grandes peines, si l’on n’y eût jamais trouvé que du bois ? Il est digne de remarque que ce surcroît de solidité