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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

le tourillon supérieur de la porte battante ; car celle-ci tournait sur pivot. Ainsi, cette forme des pieds-droits, qui, au premier abord, semble bizarre et capricieuse, était parfaitement motivée.

Presque partout l’embrasure pratiquée dans les pieds-droits a pour profondeur la moitié de la largeur de la porte ; de manière que les deux battans, lorsqu’ils s’ouvraient, venaient s’appliquer dans toute leur étendue contre l’embrasure.

La porte battante se terminait ainsi à la hauteur des crossettes des pieds-droits ; et c’est une remarque générale, que le dessous de ces crossettes se trouve toujours au même niveau que les murs d’entre-colonnement. Il résulte de là que, lorsque la porte était fermée, l’entre-colonnement du milieu était clos à la même hauteur que les autres ; ce qui formait une seule ligne horizontale entre toutes les colonnes. Les Égyptiens étaient extrêmement soigneux de conserver ces longues lignes, qui sont d’un bel effet dans l’architecture. Tant de soin, tant de recherche jusque dans les détails, ne permettent plus de dire que chez eux l’architecture était dans l’enfance de l’art. Sans doute les Grecs, en l’imitant, y ont ajouté de la grâce et une élégance que ne présentent pas les monumens de l’Égypte ; mais l’art, en passant dans la Grèce, a pris un caractère particulier : ce n’est pas l’art des Égyptiens perfectionné, c’est une branche sortie du même tronc ; preuve de la fécondité de la souche commune. L’architecture égyptienne, envisagée en elle-même et relativement à son objet, avait acquis des règles sages et bien liées entre elles, et elle me semble avoir