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DE L’ÎLE DE PHILÆ

curieux de trouver le motif qui l’a fait si généralement adopter.

Plusieurs bas-reliefs ont été copiés sous le portique, et deux avec les couleurs dont ils sont peints. L’un surtout (pl. 16, fig. 1) mérite d’être examiné, parce qu’il est complet et qu’il peut donner une idée juste de ce singulier système de sculpture et de peinture : ce bas-relief est, dans le dessin, réduit au douzième de sa grandeur véritable, qui est de deux mètres[1] sur deux mètres trois quarts[2]. Or, tous les murs, toutes les colonnes, toutes les architraves, enfin les plafonds et jusqu’aux plus petits enfoncemens ou saillies de l’architecture, sont sculptés et peints de la même manière.

Il serait superflu d’entreprendre de justifier ou de blâmer cet usage de colorier ainsi la sculpture d’un édifice, usage qui paraîtra sans doute très-extraordinaire ; mais tous ceux qui ont vu les monumens égyptiens peuvent attester que lorsqu’ils ont aperçu ces peintures, même pour la première fois, ils n’en ont pas été frappés désagréablement. On peut se rappeler ce que nous avons dit, dans le §. ii, du bel effet de ce portique ; et la planche dans laquelle on a supposé cet édifice tout neuf, avec les peintures dans tout leur éclat, en donne une image très-complète[3]. Aujourd’hui, il n’y a guère de dégradations notables que dans une seule colonne ; et, pour voir ce portique presque aussi brillant que la gravure le représente, il serait suffisant d’en chasser la poussière et de le déblayer des terres et des décombres

  1. Six pieds deux pouces.
  2. Huit pieds six pouces.
  3. Voyez la pl. 18.