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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

Ce qui nous paraît le plus raisonnable à dire sur l’usage des pylônes, dont la hauteur domine de beaucoup les temples et les palais au-devant desquels ils sont construits, c’est qu’ils servaient d’observatoires. Les diverses chambres intérieures peuvent avoir servi à mettre les instrumens, et peut-être aussi à loger les gardiens à qui le dépôt en était confié. À cette supposition, que justifie l’étude particulière que les Égyptiens faisaient de l’astronomie, nous ajouterons celle-ci, qui sert à expliquer la forme et la situation de ces observatoires toujours divisés en deux parties, au milieu desquelles se trouve une porte d’entrée : c’est que long-temps avant qu’il y eût en Égypte une astronomie et des observatoires, on avait certainement fait la guerre et construit des forteresses. Nous croyons voir dans les deux parties d’un pylône deux tours carrées, destinées originairement à flanquer les portes d’entrée ; et nous pensons que, ces édifices s’étant offerts comme d’eux-mêmes aux premiers astronomes, on continua dans la suite, soit pour des raisons particulières, soit seulement par respect pour l’usage établi, d’élever des observatoires sur un modèle fort semblable à celui des anciennes tours.

Les portes des pylônes sont d’une proportion très-élégante ; leur hauteur est toujours plus que double de leur largeur. On s’est assuré par plusieurs observations qu’elles étaient fermées par des portes battantes. Ces battans n’étaient point appliqués sur l’une des faces du mur ; mais, comme nos portes de ville, ou toutes celles qui traversent des murs fort épais, ils s’ouvraient dans à qui le dépôt en était confié.