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CH. I, DESCRIPTION

minés, ils nous apprennent comment les Égyptiens ébauchaient leurs sculptures. Ces ébauches sont polies comme si elles eussent du rester sous la forme qu’elles ont, et servir elles-mêmes de chapiteaux il y a, en effet, de ces ébauches qui pourraient former des chapiteaux d’un goût original et d’un style assez pur[1].

Au-dessus des chapiteaux sont des dés carrés, sur lesquels porte l’architrave. C’est une chose pleine de raison d’avoir fait en sorte que des architraves, qui offrent toujours une apparence de pesanteur, ne portent pas immédiatement sur des chapiteaux composés de feuilles, de fleurs et d’ornemens délicats. Les Égyptiens n’ont jamais manqué à cette convenance, et il est étonnant que les Grecs ne les aient point imités ; car il n’en résulte aucun effet désagréable : au contraire même, les chapiteaux se trouvant par-là un peu éloignés de l’architrave, les grandes lignes n’éprouvent aucune interruption ; ce qui est toujours une source de beautés dans l’architecture.

Les colonnes de ces galeries, comme toutes celles d’Égypte, diminuent de la base au chapiteau d’une manière uniforme ; c’est cette sorte de diminution qu’on remarque aux colonnes doriques élevées en Grèce dans le plus beau siècle de l’architecture. La diminution des colonnes suivant une ligne courbe, et leur renflement au tiers de leur hauteur, sont d’une époque où le goût des choses simples commençait à se perdre.

  1. Plusieurs voyageurs s’y sont mépris. Voyez pl. 8, fig. 1 et 10, 2 et 11, 5 et 8, etc., où il est facile de reconnaître les différentes manières d’ébaucher qu’employaient les artistes pour l’exécution des divers genres de chapiteaux.