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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

palmiers et de quelques mimosa ; puis des restes de murailles construites en chaux, qui sont les vestiges des tombeaux de quelques Musulmans révérés ; ensuite deux petits hameaux abandonnés, et des plantations de mimosa ; après quoi les rochers se rapprochent du fleuve et terminent la plaine. Mais, si l’on continue de suivre de l’œil cette même rive orientale, on aperçoit, à un quart de lieue au-dessus de Philæ, un village qui paraît plus considérable que les précédens, et qui se fait surtout remarquer par un minaret assez élevé, enduit de plâtre, et dont la blancheur paraît très-éclatante au milieu des rochers de granit.

Si de même on parcourt de l’œil la rive occidentale, en allant du nord au midi, on remarque un petit espace entre les rochers, cultivé et planté d’arbres. C’est là que se trouvent quelques ruines égyptiennes ; après quoi l’on ne voit plus que des rochers aussi loin que la vue peut s’étendre. À mi-côte, au milieu de ces rochers, on aperçoit une petite maison qui ressemble à un ermitage, et doit avoir été la demeure de quelque anachorète. Il nous est difficile de comprendre aujourd’hui comment des hommes nés dans de plus doux climats, au milieu de pays abondans, pouvaient s’en exiler par leur propre volonté, et, quittant pour toujours leurs parens, leurs amis et tout ce qui attache à la vie, venaient habiter de pareilles solitudes pour y essuyer les plus dures privations.

À l’époque des hautes eaux, l’île de Philæ est peu élevée au-dessus de leur surface ; mais, lorsqu’elles sont abaissées, elle les surpasse de huit mètres[1] ; et le rocher

  1. Vingt-cinq pieds.