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CH. I, DESCRIPTION

dattes de leurs palmiers ; mais ils ne consomment que la plus petite partie de ce fruit, et envoient le surplus dans la riche vallée de l’Égypte. C’est là tout leur commerce, tout ce qui leur donne le moyen d’avoir quelques vêtemens et de renouveler les instrumens nécessaires à la culture.

Plus on réfléchit sur la pauvreté de ce pays, plus on examine la nudité des rochers, le peu de culture qui les entoure, et la petite population de cette contrée, qui a toujours été ce qu’elle est aujourd’hui, et plus on doit s’étonner de trouver dans l’île de Philae des constructions qui attestent tant de puissance dans le peuple qui les a élevées, et supposent l’emploi de tant de bras. Cette petite île sera long-temps remarquable sur la terre ; long-temps elle excitera une juste curiosité à l’égard du peuple égyptien, qui est venu placer des temples aussi grands au-delà des cataractes, au milieu des rochers, et qui, dans une contrée presque déserte, a construit des édifices aussi beaux, aussi riches et d’une aussi parfaite exécution que s’il les eût élevés au milieu de sa capitale.

Mais l’on n’aurait pris de ces étonnantes constructions qu’une idée bien imparfaite, si l’on s’en tenait à l’aperçu qui résulte d’un premier coup-d’œil. C’est en les considérant dans leurs détails, en faisant de fréquens rapprochemens et des comparaisons multipliées, que l’on peut obtenir quelques règles générales sur l’ordonnance des édifices, et que l’on peut rencontrer quelques-unes des idées du peuple qui les a construits. C’est surtout dans les sculptures qu’il est possible d’étudier sa religion, et de saisir quelques traits de ses usages et de ses mœurs. Il