Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
DE L’ÎLE DE PHILÆ.

monument n’est point enfoui dans les masures : les colonnes sont découvertes jusqu’à la base ; circonstance rare en Égypte, où l’élévation annuelle du sol et la destruction rapide des habitations modernes enterrent de plus en plus les anciens édifices, et les enfouissent tout entiers sans les détruire.

Après avoir parcouru tout l’intérieur de l’île, il reste encore à visiter au dehors une petite construction égyptienne placée sur la rive gauche du fleuve, dans une anse entre les rochers. On y voit les débris d’un quai, plus loin les restes d’une porte et quelques colonnes. Des pierres et des décombres entourent ces vestiges, qui doivent être ceux d’un petit temple. Le terrain environnant est formé des dépôts limoneux du fleuve : ces dépôts, quoique placés entre des rocs dépouillés, ont la même fertilité que le sol de l’Égypte. Les Barâbras du voisinage les cultivent ; et les palmiers, qui sont leur plus grande richesse, y deviennent très-beaux et très-productifs.

Le Nil nous offre ici un spectacle qui, au récit des voyageurs et des naturels du pays, est le même dans un espace de plus de cinquante lieues en s’avançant dans la Nubie : des rochers arides, entre lesquels roulent les eaux du fleuve ; et parmi ces rochers, dans toutes les anses un peu profondes, une famille de Nubiens, ou quelquefois un petit village, selon que les terres du voisinage ont une plus petite ou une plus grande étendue. Ces pauvres Nubiens, honnêtes et sobres, possèdent peu de bestiaux, et vivent du produit de leur pêche, des petites récoltes de grains qu’ils font chaque année, et des