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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

fice était en quelque sorte sainte, et il suffisait d’y jeter le regard pour en recevoir une impression religieuse. Il est difficile de concevoir jusqu’à quel point un peuple naturellement porté aux sentimens de piété, et chez lequel toutes les institutions et jusqu’aux arts d’agrément concouraient ainsi vers un même but, devait ressentir l’effet de tant de moyens réunis.

Au fond du sanctuaire, on voit un bloc de granit tout couvert de sculptures, et dans lequel est taillée une niche carrée, propre à former une sorte de cage : c’était celle de l’épervier sacré. On sait qu’il y avait dans l’île de Philæ un temple où Osiris était particulièrement adoré sous la forme de cet oiseau. Combien d’hommes ont sans doute, autrefois, fait des vœux ardens pour arriver jusqu’à ce tabernacle mystérieux, et ne s’en fussent approchés qu’avec une sainte terreur ! Voyez aujourd’hui quel abandon, quelle solitude ; comme ces murs sont noirs et couverts de poussière ! On ne marche qu’au milieu des pierres et des décombres ; ils obstruent les passages ; ils empêchent de pénétrer dans celui qui excite le plus la curiosité, dans ce corridor si étroit pratiqué dans l’épaisseur du mur. C’était par-là, sans doute, que s’introduisait le prêtre qui parlait pour le dieu et rendait les oracles.

Dans une des salles, on trouve un escalier qui mène sur la terrasse du temple. Ici même, sur ce temple, encore des décombres et des amoncellemens de terre ! Cette terrasse a été un petit village que les Barâbras ont construit, habité et abandonné. C’était, sans doute, pour se défendre contre quelques ennemis, que les Nu-