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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

nous allons enfin pénétrer. Nous voici sous le portique, composé de dix colonnes ; il est fermé de tous les côtes, et il reçoit du jour par la porte et par la terrasse. Tout ce que nous apercevons autour de nous, colonnes, murs et plafonds, tout est couvert de sculptures, et toutes ces sculptures sont peintes de diverses couleurs. Cette peinture, il est vrai, ne se remarque pas au premier abord ; elle est cachée par la poussière ; mais les chapiteaux, qui par leur forme en ont été préservés, offrent des couleurs, verte, rouge, jaune, bleue, de la plus grande vivacité. Dans les parties peu éclairées, les couleurs paraissent fondues ; elles sont cependant appliquées sans dégradation : cette illusion est produite par les ombres des reliefs ; et elle est d’ailleurs favorisée ici par le jour qui vient d’en haut, et par la manière dont il se distribue et s’adoucit en passant successivement entre les colonnes pour arriver jusqu’au fond du portique.

N’est-il point surprenant de retrouver encore des peintures d’une si haute antiquité ? et si les monumens de l’Égypte ont traversé tant de siècles, ne le doit-on pas autant à la nature, du climat qu’à la solidité des constructions ? Toutefois, rien ne saurait lasser le temps : malgré cette solidité, malgré l’uniformité du climat, ce temple est dégradé dans plusieurs parties. Voyez cette colonne ; que de pierres en sont détachées ! on dirait qu’elle va crouler. Mais l’intérieur de cette colonne mais les faces des pierres cachées dans la construction, montrent, sous le ciment qui les enveloppe, des fragmens de sculptures, des hiéroglyphes tronqués ou renversés, dont plusieurs ont encore conservé les couleurs