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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

sieurs petites inscriptions latines écrites à la hauteur de la main. Voici le sens de deux d’entre elles :

Moi L. TREBONIUS ORICULA, j’ai habité ici.

Moi NUMONIUS VALA, j’ai demeuré ici sous l’Empereur César,
consul pour la treizième fois[1].

Ces sortes d’inscriptions cursives n’ont rien de solennel ni de monumental ; on n’y cherche point la date d’un événement, la dédicace d’un temple ; mais une autre sorte de curiosité, un autre intérêt, vous attire et vous touche : c’est un homme qui n’existe plus depuis bien des siècles, et qui semble encore vous parler. Il est venu dans ces mêmes lieux comme vous ; comme vous, il y était étranger ; il a écrit son nom comme vous écrivez le vôtre, et peut-être était-il agité des mêmes pensées : ou se plaît à chercher celles qui l’occupaient ; on vient d’apprendre son nom, on devine sa profession, on croit le voir avec son costume et jusque dans la position où il était en écrivant. Je me représente ici un soldat de la garnison romaine, depuis long-temps éloigné de son pays par des guerres continuelles : occupé du souvenir de sa patrie, il distrait l’ennui de son exil, espérant pouvoir raconter un jour, au milieu des siens, qu’il a gravé son nom sur les temples les plus reculés de la mystérieuse Égypte.

Près de ces inscriptions, sous la grande porte du pylône, on en voit une qui perpétuera dans les siècles un

  1. Voyez le Mémoire sur les inscriptions recueillies en Égypte par M. E. Jomard.