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CH. I, DESCRIPTION

au milieu de ces pierres qui ont conservé leur blancheur, au milieu de ces colonnes dont plusieurs chapiteaux sont restés ébauchés, on se croit moins parmi des ruines que dans un édifice en construction.

Une autre colonnade moins étendue est en face de celle-ci ; et quoiqu’elles ne soient pas tout-à-fait parallèles, elles forment cependant une belle avenue à l’entrée des temples dont nous approchons. On conçoit que, lorsque toutes les colonnes étaient debout, qu’elles n’étaient pas enterrées dans les décombres, et qu’au lieu de ces inégalités, de ces démolitions, de ces restes de huttes, un terrain uni permettait de tout embrasser d’un coup d’œil, l’entrée des temples devait s’annoncer d’une manière magnifique et imposante.

La première entrée est composée d’une grande porte et de deux massifs semblables, larges à leur base, plus étroits vers le sommet, et de peu d’épaisseur, qui s’élèvent l’un à côté de l’autre, bien au-dessus de la porte qui se trouve comprise entre eux : cette sorte de construction, tout-à-fait particulière à l’Égypte, et qui n’a été imitée dans aucune autre architecture, se voit également au-devant des temples et des palais ; nous l’appellerons pylône[1].

La position de ces massifs porte à croire qu’ils sont l’imitation de deux tours carrées, placées originairement pour la défense des portes d’entrée : leur hauteur, et les

  1. Ce mot est formé de πύλων, qu’a employé Diodore de Sicile dans la description du tombeau d’Osymaudias, et que les traducteurs ont mal-à-propos rendu par celui d’atrium. Il est évident qu’il faut entendre, par ce mot, l’ensemble de la parte et des deux massifs qui l’accompagnent. Voyez la Description d’Edfoû, chap. V., §. II. E. J.