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CH. I, DESCRIPTION

font alors remarquer sur le fond rembruni de la roche. Depuis deux ou trois mille ans, et peut-être bien plus, qu’elles ont été tracées, elles n’ont point changé de couleur ; elles ne se sont point encore recouvertes de cette couche lisse et brune que le temps seul peut leur donner. Si tant de siècles n’ont pas suffi, combien donc ces rochers n’en ont-ils pas vu s’écouler !

Près de Philæ, les inscriptions sont en plus grand nombre que vers le commencement de la route : elles sont fort élevées au-dessus du sol, et les hiéroglyphes qui les composent ont quelquefois près d’un mètre[1] de hauteur. Ce ne sont point des traits faits rapidement comme ceux que les voyageurs gravent souvent sur les monumens ou sur les rochers qu’ils visitent, pour y attacher leurs noms et la date de leur passage ; ils ont été gravés par des sculpteurs, de profession ; il a fallu des échafaudages, des instrumens particuliers, et un temps assez long pour les exécuter, surtout ceux qui sont entaillés profondément. Il n’y a donc pas de doute que ces inscriptions ne soient le résultat d’une volonté méditée ; et si l’on considère le lieu qu’elles occupent, les caractères qui les forment, et surtout le peuple éminemment religieux qui les a tracées, on sera porté à les regarder comme des symboles sacrés qui rappelaient les esprits vers les idées religieuses, ou comme des inscriptions votives destinées à obtenir quelques succès des dieux.

On n’aperçoit aucun arbre dans toute l’étendue de la route de Syène à Philæ ; l’aridité est extrême, la chaleur

  1. Trois pieds.