Enfin, après des soins assidus et des travaux en tous genres, qui ont occupé ou entretenu en France plus de deux mille personnes chaque année, et avancé plusieurs arts importans ; après avoir suivi avec persévérance un plan invariable, la commission d’Égypte a achevé cet ouvrage, qui, dans les Annales des sciences, ne peut trouver aucun parallèle.
On aurait pu l’intituler Encyclopédie de l’Égypte, puisqu’il en fait connaître et l’histoire, et les monumens, et les productions ; aucun pays ne possède une description aussi complète dans toutes ses parties, et il n’est pas à espérer qu’il se présente jamais un concours de circonstances, une volonté capable de produire une pareille suite de travaux et d’élever un semblable monument. La France mériterait sans doute d’être l’objet d’une description faite sur le même plan.
Ce recueil excitait l’admiration de toute l’Europe, mais c’était plutôt par les rapports qui en étaient faits que d’après la connaissance même de l’ouvrage ; semblable aux divinités de l’Égypte, il restait renfermé dans le sanctuaire des arts. Il était digne de la nation qui avait produit les guerriers, les savans, les artistes à qui l’on en était redevable, du gouvernement qui avait ordonné son achèvement ; et il demeurait presque inconnu aux Français. Les peintres, les architectes, les savans, les gens de lettres, désiraient jouir de cet ouvrage, auquel presque aucune fortune particulière ne pouvait atteindre le commerce le réclamait ; il aurait dû depuis long-temps porter chez l’étranger les titres de toutes sortes de gloire acquise par les Français.
En faisant abstraction des sommes immenses employées à la création de ce recueil, en supputant seulement les frais nouveaux de réimpression des neuf cents planches et du texte qui le composent, en publiant par livraisons et en donnant ainsi des facilités convenables a beaucoup de fortunes, on devait être assuré de pouvoir répandre l’ouvrage dans toute l’Europe.
