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plus laid, enfonce une barre de fer dans le corps d’un réprouvé. Un malheureux, en proie à mille tortures, debout, le visage, tourné vers la muraille, lève avec désespoir la tête vers le ciel, comme pour le maudire.

6o Groupe encore plus effrayant que ceux qui le précèdent. Démons armés de crochets de fer. Damnés jetés à la renverse, qui s’arrachent les cheveux, et s’entre-déchirent de leurs mains crispées, se servant ainsi à eux-mêmes de bourreaux, tandis que des crapauds s’acharnent à ronger leurs chairs. Un démon, debout au sommet du groupe, élève et montre avec un rire féroce un tableau sur lequel il écrit sans doute la condamnation des réprouvés. Ce prince de l’enfer bande un arc avec ses dents, et dirige une flèche sur le groupe des damnés. Le bois de l’arc est tenu par un autre démon. Un troisième diable perce un damné d’une lance ; il a une jambe de bois maintenue à sa cuisse gauche par une courroie.

Le démonographe de Notre-Dame a déployé une imagination singulière dans les formes de ses diables et dans l’invention de ses supplices. On croit d’ailleurs à tort que des indécences révoltantes se rencontrent dans les groupes de l’Enfer ; nous avons tout examiné avec une extrême attention ; il n’y en a pas ombre[1].

Au-dessus, la scène change ; les cordons de la voussure, à la gauche du Christ, aussi bien qu’à sa droite, ne sont plus peuplés que des anges et des saints qui forment la cour céleste. Les anges, au nombre de quarante-quatre, remplissent le premier et le deuxième cordon ; ils sortent

  1. Nous ne pouvons mieux exprimer l’impression produite par ces lugubres figures qu’en citant ces deux vers de la Légende d’or, en l’histoire de saint Jean l’Évangéliste :

    Vermes et tenebræ, flagellum, frigus et ignis,
    Dæmonis aspectus, scelerum confusio, luctus.