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que scrupuleux chanoine du dernier siècle a fait gratter l’idole, dont la forme ou la posture le choquait sans doute. Aujourd’hui, le païen adore un médaillon ovale à tête de femme, tout semblable à ces galants portraits du temps de Louis XV qu’on voit dans toutes les collections. En touchant la pierre du doigt, on sent la trace du ciseau qui l’a mutilée.

2o L’Espérance, les yeux levés vers le ciel, a pour attribut un étendard qui flotte sur son écusson. Aujourd’hui nous lui mettons une ancre à la main. Les Italiens du moyen âge lui donnaient des ailes. Au-dessous, on reconnaît le Désespoir ; c’est un homme qui se perce de part en part avec son épée.

3o La brebis qui donne tout ce qu’elle a, son lait, sa chair, sa toison, sert d’emblème à la Charité. L’opposé de la Charité, c’est l’Avarice, qui avait ici sa place, on n’en peut douter. Mais l’ignorance de l’artiste qui refit cette dernière figure, au XVIIIe siècle, a rendu le sujet inintelligible. Il a représenté ce qu’il croyait voir dans les fragments de l’ancienne sculpture, une femme qui tient une espèce de manchon, et qui s’appuie sur un coffre, comme si elle allait tomber ; puis, contrairement à toutes les règles de l’iconographie, il a oublié de lui chausser les pieds. L’Avarice tenait autrefois une bourse et serrait précieusement des sacs d’argent dans un coffre-fort.

4o La Salamandre, qui vit dans les flammes, est le symbole du juste éprouvé par l’adversité, comme l’or dans la fournaise ; nous la trouvons figurée sur l’écu de la Justice. Une femme, pieds nus comme l’Avarice, tient à la main une balance peut-être inégale ; ce doit être l’Injustice. Mais nous n’avons pas à nous arrêter davantage sur ces deux bas-reliefs qui ont été refaits complétement dans le siècle dernier, ainsi que les quatre qui suivent.